Dans un monde en pleine transition alimentaire, les produits frais sont plébiscités pour leur qualité, leur diversité et leur contribution à un mode de vie sain. Mais derrière ces atouts se cachent des défis majeurs en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE).
De la lutte contre le gaspillage alimentaire à la réduction des émissions de CO2, en passant par le rééquilibrage de la rémunération des producteurs et le bien-être animal, la filière des produits frais se trouve en effet confrontée à des enjeux cruciaux.
Vers une filière plus durable et respectueuse de l’environnement
L’empreinte carbone des produits frais
Pour mesurer le bilan carbone des aliments, il faut prendre en compte les méthodes de production, l’éventuelle transformation des produits, leur conditionnement, leur transport, leur stockage et leur distribution. Et le constat est sans appel : la filière des produits frais est particulièrement émettrice de CO2.
La production de viande est souvent pointée du doigt, en raison des fortes émissions de méthane qu’elle génère, mais les fruits et légumes sont également mis en cause : plus de 60% des fruits et 40% des légumes consommés en France viennent en effet de l'étranger, et leur acheminement implique d’importantes émissions de gaz à effet de serre (environ 0,5 Mt CO2 par an selon Voxlog).
Face à ce constat, les acteurs du secteur agroalimentaire sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour réduire leur empreinte carbone. Le groupe Carrefour a par exemple dévoilé en 2022 un plan climat qui engage l’ensemble de son écosystème : les 100 premiers fournisseurs du groupe sont notamment priés de se doter d’une trajectoire 1,5° d’ici 2026, sous peine d’être déréférencés.
Le grand retour des circuits courts et des produits de saison
Pour réduire son empreinte carbone et répondre aux attentes des consommateurs, la filière des produits frais favorise de plus en plus les produits locaux, issus de circuits courts. L’objectif ? Diminuer les émissions liées au transport et à la réfrigération des marchandises.
Les produits de saison sont également de plus en plus valorisés, dans la mesure où ils respectent davantage la biodiversité, et leur production s'adapte aux conditions naturelles locales, nécessitant moins d’eau et d’énergie.
Là encore, les acteurs de la filière s’engagent de plus en plus sur le sujet, comme Auchan Retail qui a annoncé sa volonté d’accroître son offre de produits locaux dans tous ses points de contact, à travers son projet d’entreprise Auchan 2022.
La lutte contre le gaspillage alimentaire
D’après un rapport du Capgemini Research Institute, près de 2,5 milliards de tonnes d’aliments sont jetés chaque année. L’impact environnemental de ce gaspillage alimentaire atteint environ 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Et les produits frais sont particulièrement concernés par ce fléau en raison de leur nature périssable, de leur sensibilité aux conditions de transport et de stockage, ainsi que de leur cycle de vie court.
L’enjeu est particulièrement important dans la distribution : selon l’ADEME, l’agence de la transition écologique, elle représente 14% du gaspillage alimentaire en France. Au-delà de l’impact environnemental, les enjeux financiers sont d’ailleurs colossaux : le coût est en effet estimé à 4,5 milliards d'€ de perte pour les distributeurs.
La loi AGEC, entrée en application en 2020 a toutefois renforcé le cadre réglementaire en la matière. Les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros sont par exemple désormais soumis à des obligations de non-destruction des invendus et de don alimentaire. La loi a par ailleurs permis la création d’un label national “anti-gaspillage alimentaire”.
Vers des produits frais plus transparents et qualitatifs
L’impératif de l’amélioration de la traçabilité
La traçabilité permet non seulement de garantir la sécurité sanitaire des consommateurs, mais aussi de leur fournir une information complète et fiable sur l’origine des produits, pour leur permettre de faire des choix de consommation plus éclairés.
Le cadre législatif définit un certain nombre de règles pour les produits frais, comme le Règlement CE 178/2002 du 28 janvier 2002, qui fixe des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires. Mais force est de constater que la traçabilité est encore loin d’être optimale.
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a par exemple mené une enquête en 2021, et les résultats “ont permis de constater encore trop souvent la négligence ou le non-respect volontaire des règles, à tous les stades mais particulièrement au stade du détail, de la part des professionnels au détriment de la bonne information du consommateur”. L’enquête évoque en effet un usage abusif d’allégations valorisantes, des étiquetages confusionnels, ou encore des produits non-conformes… Un exemple concret : les dattes, qui font l’objet du plus fort taux de non-conformité avec 69 % des produits non conformes.
La promotion du “mieux-manger”
Face à des consommateurs de plus en plus soucieux de leur santé, l’industrie agroalimentaire s’engage pour proposer des produits plus sains, moins transformés et plus qualitatifs.
Les produits frais, et en particulier les produits saisonniers, sont particulièrement plébiscités pour leurs qualités nutritionnelles. De nouvelles enseignes de distribution spécialisées se développent d’ailleurs, comme “Potager City” du groupe Carrefour, ou “Grand marché frais d’ici”.
Les distributeurs traditionnels misent quant à eux de plus en plus sur la pédagogie et la signalétique : Casino a par exemple mis en place un baromètre de saisonnalité pour guider le choix de ses consommateurs, et le chiffre d’affaires des produits de saison du groupe a augmenté de 10 à 12%, d’après un article de LSA.
La loi Climat et Résilience prévoit d’ailleurs d’accompagner cette tendance en obligeant les magasins de vente au détail de plus de 400 m² d’afficher des informations sur la saisonnalité des fruits et légumes frais.
Vers une alimentation plus éthique
Le défi du bien-être animal
Les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux conditions dans lesquelles les animaux sont élevés, transportés et abattus pour la production alimentaire, ce qui pousse les producteurs et les entreprises de l'industrie agroalimentaire à revoir leurs pratiques.
L’enjeu ? Garantir que les animaux bénéficient de conditions de vie dignes et respectueuses de leurs besoins naturels, en réduisant les densités d'élevage, en améliorant les conditions de transport et en adoptant des méthodes d'abattage qui minimisent la souffrance animale.
La législation s’empare peu à peu du sujet : la Commission européenne a par exemple prévu, dans le cadre de sa stratégie De la ferme à l’assiette, d’améliorer le cadre réglementaire, notamment en matière de transport des animaux. En parallèle à cela, de nombreuses certifications et labels émergent sur le marché, pour apporter des garanties sur le respect du bien-être animal tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
La juste rémunération des producteurs
La question de la rémunération équitable des producteurs est au cœur des enjeux de durabilité dans la filière des produits frais. Souvent confrontés à des pressions économiques considérables, les agriculteurs et les éleveurs sont en effet souvent confrontés à des défis de taille pour obtenir une rémunération qui reflète la valeur de leur travail et la qualité de leurs produits.
Pour répondre à cette préoccupation, de plus en plus d'initiatives visent à établir des prix équitables et stables pour les produits frais, afin de garantir que les producteurs reçoivent une rémunération juste, qui leur permette de maintenir des pratiques agricoles durables tout en assurant leur subsistance. La loi Egalim, issue des Etats Généraux de l’alimentation en 2017 vise par exemple à atteindre un meilleur équilibre dans les relations commerciales entre l’agroalimentaire et la grande distribution.
Des labels garantissant un commerce équitable s’imposent par ailleurs sur le marché, et les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement adaptent leurs pratiques. Le groupe Bel est par exemple particulièrement avancé sur la question : depuis plus de 5 ans, il négocie avec son principal fournisseur, l’APBO (Association des Producteurs Bel de l'Ouest), un accord garantissant des prix d’achat significativement supérieurs au marché.
En conclusion, les défis RSE de la filière des produits frais sont nombreux et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Chez Klarys, nous y sommes particulièrement sensibles dans la mesure où nous accompagnons quotidiennement nos clients dans la mise en œuvre de leurs stratégies d’achats responsables.
Nous sommes notamment convaincus que la digitalisation des processus d’achats peut considérablement aider l’industrie à répondre à ses défis RSE, en aidant les acheteurs à :
- Trouver les fournisseurs et produits qui répondent le mieux à leurs critères d’achats responsables (labels, circuits courts, etc), grâce à un référentiel d’achats standardisé.
- Pouvoir exploiter des données de traçabilité plus fiables de bout en bout de la chaîne, jusqu’au consommateur.
- Commander au plus près de la demande, grâce à des outils comme l’intelligence artificielle ou le machine learning, pour réduire le gaspillage alimentaire et mieux gérer les ressources.
En tout cas une chose est sûre : la filière se dirige peu à peu vers une alimentation plus respectueuse de l'environnement, des animaux et des producteurs, tout en répondant aux attentes croissantes des consommateurs en matière de bien-être et de santé.