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Pour un référentiel commun sur les produits frais

Pour un référentiel commun sur les produits frais

Comme dans de nombreux autres secteurs, l'agroalimentaire s'efforce depuis plusieurs années de standardiser progressivement ses données. Cependant, cette évolution est inégale et demeure fragmentée. Pourtant, l'adoption d'un référentiel commun apporterait de nombreux avantages à la profession, ainsi qu'aux consommateurs.

A l’image de beaucoup de secteurs d’activité, l’agroalimentaire est engagé depuis plusieurs années dans une démarche progressive de standardisation de ses données. Ce mouvement n’est cependant pas égal partout et reste parcellaire. La profession - et les consommateurs - aurait pourtant beaucoup à gagner avec l’adoption d’un référentiel commun. 

Les bénéfices d’un référentiel commun, depuis le producteur jusqu’au consommateur 

Pour la plupart des secteurs, la standardisation des données répond à deux grands enjeux. D’une part, l’analyse et l'utilisation de données fiables et structurées pour mieux piloter l’activité. D’autre part, la traçabilité des produits régie par les différentes réglementations. Notons que ces dernières vont significativement se renforcer avec la future mise en œuvre de la directive européenne sur le devoir de vigilance (“European Supply Chain Act”) tout au long de la chaîne d’approvisionnement des entreprises.

D’une manière générale, le fait de disposer d’un référentiel commun - c’est-à-dire des mêmes codes pour désigner les mêmes produits et les mêmes caractéristiques - permet à différents outils de parler le même langage et de transmettre des données fiables, et impacte positivement l’ensemble de la chaîne. 

Pour les distributeurs, c’est une exigence nécessaire pour rationaliser et simplifier les processus et les opérations, à commencer par la gestion des stocks et des commandes : meilleure visibilité et prévision sur les stocks, achats plus précis, amélioration du pilotage des ventes par catégories, diminution des erreurs de commandes, etc. Elle conditionne également la capacité à intégrer efficacement l’IA à certains processus clés (notamment la prévision des commandes). 

Pour les fournisseurs, l’utilisation de codes communs permet tout d’abord de supprimer les saisies manuelles traditionnelles, sources de coûts et de délais supplémentaires, de commandes erronées, ou encore de réclamations et de génération d’avoirs superflus. Le fait de disposer de données standardisées permet également aux fournisseurs d’optimiser la gestion de leurs stocks, de mettre en avant leurs produits et leurs caractéristiques, de fluidifier et d’automatiser leur propre supply chain, et donc de mieux piloter les achats et les ventes - se traduisant par moins de gaspillage et des coûts opérationnels réduits. C’est enfin une solution pour se conformer plus efficacement et facilement aux exigences réglementaires. 

A l’échelle des consommateurs, le recours à un référentiel commun par les professionnels de l’agroalimentaire se traduit par une information plus précise et plus fiable sur l’origine et la qualité des produits consommés. C’est aussi un moyen de comparer plus facilement les produits. 

Malgré tous ces avantages, ce mouvement de standardisation est loin d’être fluide. Quels sont les freins ? 

Certaines filières font de la résistance 

Dans l’univers des produits alimentaires – qui plus est celui des produits frais – la normalisation des données apparaît parfois complexe. Bien que les environnements du frais s’ouvrent de plus en plus à cette exigence (à l’image des fruits et légumes), certaines filières y sont encore réticentes. C’est notamment le cas avec les produits de la mer, particulièrement en France. Le nom des produits et le calibrage, par exemple, peuvent être différents selon les régions ou d’une criée à l’autre. Chaque port de pêche peut avoir ses propres normes. 

Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, dont l’attachement culturel de certains fournisseurs vis-à-vis à des dénominations locales, ou encore le sentiment que la standardisation pourrait les empêcher de se différencier ou de mettre en avant l’excellence et le côté unique de leurs produits.

La normalisation des données permet pourtant de valoriser les produits. La filière des fruits et légumes, par exemple, s’appuie sur différents labels (bio, AOP, Label Rouge, …) et logos (comme le logo « Fruits et Légumes de France » et ses déclinaisons créés par l’interprofession Interfel). Le monde des produits de la mer a également lancé des initiatives, à l’image de la marque collective Pavillon de France lancée par France Filière Pêche, ou encore des standards GDST (Global Dialogue on Seafood Traceability). 

Mais ces initiatives restent encore trop spécifiques et parcellaires, sur des marchés souvent caractérisés par une forte segmentation et un grand nombre d’intermédiaires. 

Comment faire bouger les lignes ? 

Sans aucun doute, l’un des premiers objectifs consiste à sensibiliser les fournisseurs à l’impact positif, pour eux, de l’adoption d’un référentiel commun. Grâce à des données standardisées et fiables, les distributeurs peuvent acheter plus précisément ce dont ils ont besoin, et les fournisseurs peuvent produire ou pêcher plus précisément ce qu’ils vont vendre. Lorsque l’on sait que 35% des poissons pêchés n’arrivent pas dans nos assiettes et que 450 millions de tonnes de fruits et légumes sont gaspillées chaque année dans le monde, l’optimisation au niveau de la production (et donc de la rentabilité des fournisseurs) et des achats (et donc de la rentabilité des distributeurs) pourrait avoir un impact immense. 

A ce titre, davantage de flexibilité et de tolérance de la part de certains donneurs d’ordre pourrait contribuer à une meilleure utilisation des ressources. Dans la restauration collective, par exemple, les exigences par rapport au calibre (portions) sont particulièrement strictes, ce qui entraîne un gaspillage qui pourrait facilement être évité. 

Du côté des fournisseurs, il faut aussi insister sur l’importance de leur montrer comment la standardisation des données permet de se différencier. La standardisation des données n’est pas synonyme d’uniformisation des produits. Au contraire, c’est le moyen de fiabiliser et de labéliser l’excellence et la qualité. 

Au-delà des avantages que peut apporter à tous la généralisation d’un référentiel commun, les acteurs de la filière doivent comprendre qu’elle devient une nécessité. Le renforcement et l’uniformisation des réglementations - notamment en termes de traçabilité - ne laisse guère le choix. Cela passera forcément par la digitalisation d’une industrie qui l’est encore peu et qui doit accélérer sur ce terrain. 

Globalement, la clé pour favoriser l’adoption d’un référentiel commun sur les produits frais est de mettre la profession autour de la table, et que tout le monde - fournisseurs et distributeurs - y mette du sien. C’est par la collaboration et l’intelligence collective que l’agroalimentaire frais réussira à normaliser ses données, non seulement pour répondre aux exigences réglementaires mais aussi pour améliorer sa qualité et ses performances dans leur ensemble. La capacité à digitaliser et connecter la filière des produits frais est ce qui la rendra plus efficace, transparente et durable.

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